Trois mathématiciens d'exception nous ont quittés


Édouard Thomas

Les jours qui ont suivi Noël 2018 ont été particulièrement cruels pour les mathématiques. En plus de Jean Bourgain, on a appris la mort d'Elias Menachem Stein (193–12018), de Sir Peter Swinnerton-Dyer (1927–2018) et de Sir Michael Francis Atiyah (1929–2019).

Le mathématicien américain Elias Stein était l’un des grands spécialistes de l’analyse harmonique. Pédagogue remarquable et chercheur infatigable jusque dans les derniers jours de sa vie, il fut également le directeur de thèse des analystes Charles Fefferman (médaille Fields 1978) et Terence Tao (médaille Fields 2006).

Le théoricien des nombres Henry Peter Francis Swinnerton-Dyer s’est fait connaître dans les années 1960 pour avoir été l’un des premiers mathématiciens à exploiter la puissance des ordinateurs, alors naissants. Ses expériences sur les courbes elliptiques et sur les valeurs spéciales de certaines fonctions L l’ont amené à énoncer, avec Bryan Birch (né en 1931), la conjecture qui porte désormais leur nom, que l’Institut de mathématiques Clay a mise à prix à un million de dollars.

Le Britannique Michael Atiyah a reçu la médaille Fields en 1966 pour ses travaux en géométrie et topologie, ainsi que le prix Abel en 2004 avec Isadore Singer (né en 1924) pour leur fameux théorème de l’indice, qui crée un lien profond et inattendu entre mathématiques et physique théorique. Atiyah a présidé la Royal Society de 1990 à 1995, puis le mouvement Pugwash de 1997 à 2002, qui vise à réduire les dangers de conflits armés et à rechercher des parades aux menaces contre la sécurité mondiale.