En l'absence d'un étalon…


Hervé Lehning

Il est facile de mesurer la distance entre deux points du plan en utilisant une règle graduée, de peser en utilisant une balance. Mesurer des aires ou des volumes demande la maîtrise du calcul intégral. Qu'en est-il de notions où la comparaison à un étalon est délicate, comme le bonheur ?

Sans unité de mesure, il est difficile de mesurer. Par exemple, que signifie « mesurer la qualité d’un texte » ? Comment donner une note à une copie ? Pour y parvenir, les correcteurs d’examens découpent en général la notation en plusieurs parties. La note d’une dissertation peut ainsi être scindée en quatre notes sur cinq points chacune : qualité de l’expression (absence de fautes, vocabulaire, style), cohérence (introduction, conclusion, transitions et liens entre les parties), exemples (choix, pertinence, détail), argumentation (clarté, précision, explication). Tous les jurys d’examen ou de concours utilisent de tels critères. Même s’il existe souvent une certaine cohérence entre les notes des différents membres d’un jury, des surprises sont toujours possibles. Dans ces cas, la mesure devient donc subjective, même si le barème de notation est précis et judicieux. D’autre part, il est facile de fabriquer un barème destiné à obtenir une note moyenne fixée à l’avance. Même si les notes dans chaque partie pouvaient être établies de manière totalement objective, le poids donné à chacune permet d’ajuster les notes définitives.

 

Le lissage des notes en action

 

Considérons un devoir noté sur quatre parties pour quatre candidats. Si chacune compte de la même façon, les notes finales sont 9 pour I (la moyenne ... Lire la suite


références

Dossier « Mathématiques et psychologie ». Tangente 159, 2014.

Les statistiques et leur décodage. Bibliothèque Tangente 34, 2009.