Oeil, vision et cerveau


Gianni Sarcone

Œil, vision et cerveau

Voir, c'est connaître. D'ailleurs notre verbe « voir » provient du latin videre, qui lui-même dérive de l'indo-européen weidos, qui signifie « vision », « savoir », ou même « forme ». À peine les paupières s'ouvrent, l'image de notre environnement se projette sur la rétine. Sans aucun effort, le monde fait irruption en nous avec tous ses accessoires – couleurs, ombres, formes, mouvements – et sont ventilés vers la centrale qui dirige notre vie : le cerveau. « Voir » signifie donc « prendre conscience du monde alentour ». L'horizon visuel est l'unique limite de l'œil, aucun autre organe ne codifie et ne gère autant d'informations sur l'environnement proche et lointain.

Quand la 3D nous trompe…

La vue et notre façon de concevoir la perspective en se basant sur des repères spatiaux peuvent, parfois, conditionner notre esprit, l'induisant à percevoir de façon incorrecte des objets dessinés sur une surface plane. Vous n'y croyez pas ?

Observez bien ces trois édifices en forme de « L ». Concentrez-vous seulement sur les surfaces colorées des toits. Deux surfaces sont parfaitement congruentes (exactement superposables). Selon vous, quelles sont-elles : la rouge et la verte ? la rouge et la bleue ? la verte et la bleue ?

Quatre-vingts pour cent des personnes interrogées répondent qu'il s'agit de la verte et de la bleue. La réponse exacte est en fait la rouge et la verte ! Les bords, l'orientation et la perspective des édifices fournissent des indices visuels qui influencent notre mode d'interprétation des formes tridimensionnelles. Dans un scénario 3D, les trois surfaces en forme de « L » seraient toutes différentes, mais sur le papier la verte et la rouge sont vraiment superposables.

Cette illusion démontre que notre cerveau va au-delà de la simple interprétation littérale de ce qu'il voit. En fait, nous « pensons en 3D » aussi quand nous regardons des images bidimensionnelles. Dans un dessin, typiquement, deux lignes convergentes sont sur le même plan, mais nous les voyons comme des parallèles en perspective.

SOURCES

Amazing Visual Illusions. Gianni Sarcone et Marie-Jo Waeber, Arcturus, 2011.