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Le surfeur au bermuda rose

Kylie Ravera




L'Institut intergalactique est le temple de l'excellence où exerce le redouté professeur Phi. Cours et concours sont désormais terminés et chacun peut s'offrir un peu de détente.

 La planète Vamossa-Laplaï A est réputée pour ses vastes étendues de sable fin que baigne un océan uniformément azuréen, peuplé de poissons multicolores, de dauphins facétieux et de requins taquins. La destination est particulièrement prisée des élèves de l'Institut, qui y trouvent des conditions idéales pour se relaxer. Alpha, Bêta et Epsilon ont étendu leurs serviettes sur le sable blanc d'une petite crique abritée du vent. Ils regardent au loin les surfeurs rivaliser de dextérité sur leurs planches, se jouant des vagues, qu'ils chevauchent avec élégance.

« Qu'est-ce que c'est bon de pouvoir enfin se vider la tête ! soupire Alpha en s'étirant. Savoir que le professeur Phi est à des années lumière d'ici a quelque chose de singulièrement reposant. Pas vrai, Bêta ?

— Hmm. Tu crois que Sigma accepterait de sortir avec moi ? »

Le regard du garçon est dirigé vers une jeune fi lle qui bronze une dizaine de mètres plus loin. Elle semble suivre avec admiration les évolutions d'un surfeur en bermuda rose fluo qui enchaîne les tubes avec une facilité déconcertante.

« Pourquoi tu ne vas pas lui demander ? » intervient Epsilon. Bêta tord ses mains avec nervosité.

« Je n'ose pas, avoue-t-il piteusement. Et puis zut ! Il m'agace, ce surfer fluo, à frimer sur sa planche… Je vais aller lui montrer de quoi je suis capable, tiens ! »

Il se lève d'un bond et sprinte jusqu'au bord de la plage avant de plonger dans une gerbe d'eau.

« C'est fou, commente Alpha, éberlué, Bêta le fanfaron est en fait un grand timide…

 

 

 

– Les apparences sont parfois trompeuses, approuve Epsilon. C'est comme cette histoire avec la planète Vamossa-Laplaï A. Pour l'alimenter en électricité, il y a un gigantesque câble qui en fait le tour au niveau de l'équateur. Il était prévu qu'il soit positionné au ras du sol, égalisé pour la circonstance. Mais une association de protection des lombrics a exigé que le câble soit surélevé de 20 cm sur tout le pourtour de la planète pour préserver la tranquillité des vers. Le tribunal devant lequel l'affaire a été portée a jugé la demande recevable… à condition que l'association paye la longueur de câble supplémentaire. La compagnie d'électricité devait, quant à elle, fi nancer les piquets de surélévation. Sachant que le mètre de câble coûte cent brouzoufs, la compagnie a accepté le jugement, en pariant sur le fait que l'association n'aurait pas les moyens de réunir la somme demandée. »

 

 

« Et l'association a réussi à payer pour tout le câble supplémentaire ? demande Alpha, incrédule.

– Eh bien justement, les apparences… »

Epsilon se tait brusquement. Un Bêta trempé et à la mine tragique vient de se matérialiser devant eux.

« Je suis traumatisé à vie ! gémit-il. Le surfeur au bermuda rose… c'était le professeur Phi ! »

Cher lecteur, sachant que le rayon de Vamossa-Laplaï A est de 6 400 km, comme celui de notre bonne vieille Terre, sauriez-vous calculer la somme versée par l'association pour le câble supplémentaire ?

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