Le bridge ouvre l'IA vers un avenir prometteur


Gilles Cohen

Le bridge est l'un des rares jeux à résister aux progrès de l'informatique. Pour en venir à bout, une universitaire française s'apprête à bouleverser les idées reçues sur le développement de l'IA et à lui faire franchir un cap qui l'ouvrira à de nouveaux défis.

Depuis trois ans, Véronique Ventos, professeure associée à l’université de Paris-Saclay en apprentissage automatique et optimisation, a concentré ses recherches en intelligence artificielle sur le bridge, un jeu qu’elle pratique depuis de nombreuses années (elle est « première série Pique »). Les perspectives ouvertes par ses travaux sont si ambitieuses qu’elle a convaincu de nombreux chercheurs de rejoindre sa start-up, NukkAI (voir FOCUS).

 

En quoi le bridge est différent 

Véronique Ventos portant le t-shirt Bridge.

Tangente : La différence essentielle entre le bridge et les échecs ou le go, c’est que l’information y est incomplète puisqu’on ne connaît pas les cartes des autres joueurs. Qu’est-ce que cela implique pour le traitement informatique ?

 

Véronique Ventos : « Les méthodes désormais classiques du programme AlphaGo (voir article "Jeu de go") pour le jeu de go ne permettent pas pour le moment de traiter les jeux à information incomplète. Ces méthodes doivent être adaptées pour gérer un ensemble d’états possibles du jeu et pas seulement un état réel connu de tous à un instant donné. La difficulté informatique est la taille potentiellement considérable de cet ensemble d’états. »

 

Quelles sont les autres différences significatives ?

« Il y ... Lire la suite gratuitement


références

The Game of Bridge: A Challenge for ILP. Swann Legras, Céline Rouveirol, Véronique Ventos, in Inductive Logic Programming, Springer, 2018.