Alexandre Grothendieck, mathématicien de l'extrême


Élisabeth Busser

À peine ouvertes au public, les archives d'Alexandre Grothendieck évoquent la carrière et les prodigieuses trouvailles de l'un des derniers grands génies des mathématiques. Un travail gigantesque attend les spécialistes de géométrie algébrique et les historiens des mathématiques !

Alexandre Grothendieck (1928–2014) a laissé derrière lui environ cent mille pages de notes et textes divers, dont au moins seize mille portant sur des sujets mathématiques (voir Tangente 189, 2019). Que leur publication sur Internet soit ici l’occasion de revenir sur leur contenu aussi bien que sur la vie, la carrière et l’immense aura scientifique de leur auteur.

 

 

Alexandre Grothendieck en 1951, photographié par Paulo Ribenboim après avoir parcouru à vélo les quelque trente kilomètres qui séparent Nancy de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle).

 

 L’homme de tous les refus

La vie du mathématicien Alexandre Grothendieck n’a certes pas été « un long fleuve tranquille » (voir notre dossier dans Tangente 162, 2014). Il est né en 1928 à Berlin d’un père anarchiste russe, qui mourra en déportation, et d’une mère journaliste allemande, dont il partagera un temps la vie en camp d’internement en France avant d’en être séparé pour effectuer sa scolarité, et qu’il ne retrouvera qu’en 1945. Après des études de mathématiques à Montpellier (Hérault), une thèse en 1950, Produits tensoriels topologiques et Espaces nucléaires, un passage au groupe Bourbaki, un poste universitaire à Sao Paulo (Brésil) et à Chicago (États-Unis) entre 1953 et 1958, il s’établit à l’Institut des hautes ... Lire la suite