Les ingrédients de base de la théorie de Galois


Bertrand Hauchecorne

Bien qu’inspirée par les travaux de Galois, « sa » théorie s’est développée bien après sa mort et n’a pris son essor qu’avec l’introduction des structures algébriques.

Théorie de Galois, qu’est-ce au juste ?

Lorsque se présente une équation polynomiale, le premier réflexe est de s’intéresser à l’existence de solutions, ce qui permet ensuite de la factoriser. Par exemple, on peut vérifier que 2 et ‒3 vérifient x2 + x ‒ 6 = 0 ; on peut alors écrire x2 + x ‒ 6 = (x ‒ 2)(x + 3). Mais comment faire lorsque l’équation n’admet aucune racine ?

L’idée est de définir un ensemble de nombres « plus grand » de manière à ce que l’un de ses éléments ajoutés vérifie l’équation. 

Ainsi, pour l’équation x2 + 1 = 0 sur l’ensemble ℝ des nombres réels, on construit l’ensemble ℂ des nombres complexes (voir ci-contre). Mais comment ajoute-t-on des nombres » ? C’est là qu’intervient la notion de corps, c’est-à-dire d’ensembles munis d’une addition et d’une multiplication vérifiant les propriétés usuelles de l’arithmétique. Les meilleurs exemples en sont bien sûr ℝ, ℂ, ou encore ℚ, l’ensemble des nombres rationnels (les fractions). Mais il y en a bien d’autres ! Un corps et une équation polynomiale sans solution dans ce corps étant donnés, la théorie de Galois permet la construction d’un corps « plus grand », appelé extension, « le plus petit possible », dans lequel cette équation possède une racine (ou mieux, se factorise totalement).

 

Le groupe de Galois

Le polynôme x2 ‒ 2 n’admet ... Lire la suite