Le prix Abel 2024 décerné au Français Michel Talagrand


Élisabeth Busser

Cinquième Français à être récompensé par le prix Abel, équivalent pour les mathématiques du prix Nobel, Michel Talagrand, né en 1952, a fait carrière au CNRS, s’intéressant très tôt aux processus aléatoires.

Ce sont ses « contributions révolutionnaires à la théorie des probabilités et à l’analyse fonctionnelle, avec des applications remarquables en physique mathématique et en statistique », qui lui ont valu cette belle récompense. Elle distingue particulièrement trois domaines dans lesquels excelle ce mathématicien. D’une part, le supremum (plus grande valeur) des processus stochastiques (qui produisent des séquences de valeurs aléatoires, comme la hauteur des vagues sur une plage), qui permettra dans ce cas de mieux connaître la plus grande hauteur des vagues à venir. D’autre part, la concentration des mesures, autrement dit la « loi des grands nombres », où la probabilité s’interprète comme une fréquence de réalisation d’un évènement. Enfin, les verres de spin, ces alliages métalliques comportant un petit nombre d’impuretés magnétiques disposées au hasard dans l’alliage, chacune possédant son propre spin (un peu comme le moment cinétique) : Michel Talagrand en a analysé rigoureusement le comportement, évidemment à la lumière de sa grande connaissance des probabilités et des statistiques, leur consacrant un livre en anglais en 2003 (Spin Glasses: A Challenge for Mathematicians, Springer).

Cette prestigieuse récompense vient, pour Michel Talagrand, s’ajouter à la dizaine de prix qui ont déjà récompensé ses travaux.