Alfred Whitehead, un complice dans l’ombre


Bertrand Hauchecorne

La notoriété de Russell a occulté l’immense mérite de Whitehead dans l’élaboration des théories logicistes. C’est à quatre mains qu’ont été rédigés les Principia Mathematica.

 

Alfred North Whitehead (1861–1947).

 

 

La naissance du logicisme

 

Russell ne serait pas Russell sans son professeur, puis collègue, Alfred Whitehead. Ce philosophe, logicien et mathématicien britannique entre, en 1880, au Trinity College de Cambridge, où il brille dans toutes les matières, principalement en littérature, philosophie, théologie et mathématiques. Encore étudiant, il s’intéresse aux travaux de Maxwell, mais bientôt se passionne pour les débuts de l’algèbre moderne, dont l’aboutissement sera son Treatise of Universal Algebra, publié en 1898. Ses excellents résultats dans les Mathematical tripos (un très sélectif concours, voir Tangente 137, 2010) lui permettent d’être incorporé à l’équipe enseignante dès 1884.

En 1890, le jeune Russell entre à son tour au Trinity College. L’étudiant et le professeur se découvrent une passion commune concernant les fondements des mathématiques et de la logique. S’installe alors une fructueuse collaboration qui va durer une vingtaine d’années. C’est la période la plus féconde de Whitehead dans le domaine des mathématiques. De leurs travaux communs paraîtra Principia Mathematica, l’ouvrage qui fonde le logicisme.

 

 

Des maths à la philo

 

En 1910, Whitehead s’installe à Londres et publie l’année suivante An Introduction to Mathematics, un remarquable ouvrage général. Il se tourne ... Lire la suite gratuitement