Les 35 ans de Tangente


Une journée inoubliable !

L’équipe de Tangente

Le 4 décembre 2022 : une date marquante pour Tangente, qui célébrait au Musée des arts et métiers, à Paris, son anniversaire de 35 ans. 2050 visiteurs ont parcouru avec enthousiasme les spectacles, conférences, ateliers, expositions, rencontres, présentations, cérémonies… qui leur étaient proposés. Petit aperçu de cette journée mémorable.

Par quoi commencer ? C’est probablement la question que se sont posée les visiteurs, quelquefois frustrés de ne pas pouvoir profiter de toutes les animations qui se déroulaient en parallèle. L’association Club Tangente, organisatrice de l’évènement, avait-elle vu trop grand ? Parcourons donc ce beau musée labyrinthique.


L’église pour les fervents des mathématiques

Vous avez lu « labyrinthe » ? Cela nous donne l’occasion de commencer par les expositions artistiques qui se sont tenues toute la journée dans l’abside de l’église, au rez-de-chaussée du Musée. L’art mathématique y était à l’honneur, avec la présence des œuvres de six artistes. Nos lecteurs habitués aux Trophées Tangente connaissent déjà quatre d’entre eux, qui, comme les années précédentes, ont réalisé les trophées ou les diplômes de mentions offerts aux lauréats (vous pouvez voir leurs réalisations dans l'article « La remise des Trophées Tangente 2022 »). Il s’agit de Denise Pranville, Patrice Jeener, Scowcza (le duo formé par Pierre SChmitt et Dominique OWCZArski) et Gilles Fernandez (alias Sellig Zed). Les œuvres de deux autres artistes étaient présentes dans l’abside : celles de Sandrine Vivier-Souder et celles de France de Ranchin, créatrice de… labyrinthes !

 

Denise Demaret-Pranville présentant ses œuvres.

 

L’église accueillait aussi un autre sujet de la rubrique « passerelles » de Tangente, déjà à l’ordre du jour avec l’art : la littérature. De 11 h 30 à 16 h, des auteurs, parmi lesquels, évidemment, les lauréats présents des prix et des mentions du prix Tangente et du prix Tangente des lycéens (PTL), se sont succédé pour de courtes présentations de leurs livres dans la Tour Chapelle. Ces mini-exposés étaient suivis par une séance de dédicace de leurs ouvrages à la sortie de la salle. Car on trouvait aussi dans l’église la « librairie Tangente », dont les tables ont été très fréquentées durant la journée, et où l’on pouvait se procurer les derniers succès des mathématiques.

 

Les livres dédicacés

• André Deledicq : Dictionnaire amoureux des mathématiques (mention prix Tangente).

• Jacques Cassabois : Je n’ai pas le temps, le roman tumultueux d’Évariste Galois.

• Michel Rousselet : La belle histoire des maths.

• Bernard Randé : Les carnets indiens de Srinivasa Ramanujan.

• Dominique Souder : Le grenier de Math-Man.

• Jean-Paul Delahaye : Au-delà du bitcoin ; Pythagore à la plage.

• Audrey Candeloro : Les mystères de l’Alycastre (jeux mathématiques pour le CM).

• Quentin Lazzarotto : Dingue de maths (lauréat du prix Tangente).

• Sylvie Dodeller :
Sophie Germain, la femme cachée des mathématiques (mention PTL).

• Marie Lhuissier : La faiseuse de neige.

• Cyril Bonin : Comme par hasard (mention PTL).

 

André Deledicq dédicaçant son livre.

 

Ces livres sont disponibles sur la librairie en ligne de Tangente 

www.infinimath.com/librairie

 

Des conférences et ateliers pour tous publics

Mais il n’y avait pas que des mini-conférences ! Sur une durée de 45 minutes chacun, neuf conférenciers se sont exprimés tout au long de la journée, répartis en trois lieux principaux : l’amphithéâtre Abbé-Grégoire, la salle de conférence, et, au premier étage, l’atelier de communication.

Gilles Cohen a introduit la journée avec un rappel de l’histoire de Tangente. Un autre acteur de la première heure de notre magazine était présent : Joseph Césaro, qui avait fait le voyage depuis Valbonne (Alpes-Maritimes), ville de la Côte d’Azur dont il est maire. Les principales étapes des 35 ans du journal ont été évoquées, en particulier le grand tournant de l’an 2000 où il a été décidé de prendre le risque de la diffusion en kiosques.

 

Jean-Paul Delahaye lors de son intervention.

 

Les thèmes et les niveaux des conférences de la journée étaient très variés. Daniel Justens a parlé des modèles mathématiques dans les BD de Midam ; Jean-Paul Delahaye des « fonctions à sens unique » ; Roger Mansuy de la mathématicienne méconnue Charlotte Angas Scott ; André Deledicq des « mots et des maths », sur des mots choisis par le public ; Gilles Godefroy et Bernard Randé de René Baire et l’analyse fonctionnelle ; Mohamed Mesmoudi et Lydie El-Halougi, de l’association Les maths en scène, du « son sculpteur de formes » ; Marc Thierry d’un sujet d’actualité dans ce numéro : les sangaku ; Dominique Souder, bien sûr, de magie, sous le titre « Calculateur prodige ou mathémagicien astucieux ».

Comme on peut s’y attendre, Dominique Souder ne s’est pas contenté de faire une conférence. Il a animé, durant une grande partie de la journée, avec son fils Pascal-Yves, un atelier de magie qui a eu beaucoup de succès. De même, l’équipe de l’association Les maths en scène a consacré un espace aux « mathématiques étonnantes ». Les ateliers, animés le plus souvent par des associations, occupaient intégralement le premier et le deuxième étage du musée.

Les jeux, qu’ils soient mathématiques ou de société, constituaient la majorité des activités qui étaient proposées. Ainsi, le CIJM (Comité international des jeux mathématiques) consacrait le sien au jeu de Hex (avec Marie José Pestel), les fédérations de jeux de société (comme celle de bridge et celle de go) à l’usage de leur spécialité dans l’enseignement des maths. La FFJM (Fédération française de jeux mathématiques), dont le président, Michel Criton, gère les rubriques de jeux mathématiques de Tangente, avait, quant à elle, deux ateliers, l’un orienté sur les problèmes posés depuis trente-cinq ans lors du Championnat international des jeux mathématiques, l’autre vers les jeux de grilles logiques.

 

Jean-Jacques Dupas commentant la construction d’un polyèdre.

 

La deuxième direction de ces ateliers était géométrique. C’était le cas de l’atelier de polyèdres de l’association PlayMaths, animée aussi par deux auteurs de Tangente, Jean-Jacques Dupas et François Lavallou, ou des ateliers de pavages et d’origami de l’association Science Ouverte.



Des actions remarquées

C’est cette même équipe de Science Ouverte qui, sous la direction de François Gaudel, a organisé toute la journée la construction collective d’une structure géante (une tour de tenségrité). Cent cinquante personnes ont participé à sa réalisation. Elle fait partie des actions originales qui ont attiré de nombreux visiteurs, écartelés entre toutes les initiatives passionnantes de cette journée.

 

Construction collective et ateliers de Science Ouverte.

 

Une autre animation qui a obtenu beaucoup de succès : le rallye organisé par Brigitte Bourgasser-Wenner et Audrey Candeloro. Les visiteurs, munis d’un livret d’énigmes et d’une lampe UV, devaient parcourir une partie du musée à la recherche d’indices complémentaires écrits à l’encre invisible sur une dizaine d’affiches en format A3 qui étaient dispersées dans un espace moins éclairé. Les indices étaient révélés grâce à la lampe spéciale fournie aux participants. Un groupe d’environ dix participants démarrait l’activité tous les quarts d’heure et partait à l’aventure pour quarante-cinq minutes à une heure maximum, ce qui permettait d’accueillir jusqu’à quarante personnes en simultané. Un potentiel de cent vingt personnes, quasiment atteint, pour les trois heures pendant lesquelles cette animation s’est étalée.

L’exposition « Mathématiques, informatique… avec elles », créée par l’association Femmes et mathématiques, devait être exposée au public. Un problème de transport – ce n’était pas le seul de cette journée, dont la préparation a été touchée par une grève de la SNCF – l’a empêchée d’arriver. Qu’à cela ne tienne ! Une version numérique, projetée sur écran, a permis au public de visiter l’expo comme si elle était là. Plusieurs membres de l’association étaient sur place, faisant même, à 11 h 30 et 14 h 30, des exposés pour commenter l’exposition. Cerise sur le gâteau, l’une des vingt femmes matheuses présentées dans l’exposition, Aurélie Le Cain, responsable de lunettes connectées chez Essilor (et docteure en mathématiques appliquées), s’est jointe à elles une partie de la journée.

Un autre moment important de la journée a été la « rencontre enseignants », qui s’est déroulée de 11 h 30 à 13 h. Après une introduction par Karim Zayana, inspecteur général soutenant depuis plusieurs années les actions du Club Tangente, plusieurs personnes, la plupart du temps impliquées dans les ateliers de la journée, sont intervenues auprès des enseignants présents pour présenter des actions pouvant être pratiquées en collège ou en lycée. Alice Ernoult a commencé en parlant de Litteramath, cette initiative conjointe du Club Tangente et de l’APMEP (association des professeurs de mathématiques), avec le partenariat des IREM et de Publimath faisant la liste, niveau par niveau, de toutes les parutions de livres autour des mathématiques à conseiller aux élèves. Martine Brilleaud a parlé ensuite du trimestriel Tangente Éducation, destiné aux enseignants de mathématiques. Puis, elle a expliqué le fonctionnement du prix Tangente des lycéens, qui permet, chaque année, à plus de six cents élèves, de voter dans leur lycée pour celui des livres présélectionnés qu’ils ont préféré. Michel Criton a ensuite décrit le Championnat international des jeux mathématiques, Albert Fenech a insisté sur l’intérêt du jeu de go en classe de mathématiques, Jean-Pierre Geneslay en a fait de même avec le bridge, Nicolas Pelay avec le jeu de Hex. C’est Marie Lhuissier, mathématicienne et conteuse, qui a conclu cette rencontre, en proposant son nouveau spectacle pour les écoliers et collégiens.

 

De gauche à droite : Albert Fenech, pendant son exposé, Gilles Cohen, 
Karim Zayana, Alice Ernoult et Martine Brilleaud.

 

Des spectacles, aussi…

Eh oui ! Les spectacles, il y en avait deux (dont un en double), auxquels on pouvait assister gratuitement, comme à tous les évènements de la journée.

 

Marie Lhuissier pendant son conte.

 

Le premier, qui a été présenté deux fois, est celui de Marie Lhuissier, « La faiseuse de neige ». Quand elle était petite, Marie aimait les contes, les marionnettes et les chansons. Puis elle a rencontré les mathématiques et les a trouvées jolies, alors elle les a suivies pour un petit bout de chemin. Agrégée et docteure en mathématiques, elle décide finalement de renouer avec ses vieilles amies, les histoires. Maintenant, elle est conteuse-mathématicienne : elle invente, écrit et raconte des histoires, mais des histoires… mathématiques ! Marie Lhuissier a reçu en 2022, pour ses contes mathématiques, le prix D’Alembert de la Société mathématique de France.

Le second spectacle, « Les Indécis », cabaret statistique produit par la compagnie Terraquée, est volontairement protéiforme. Il est constitué à ce jour de deux numéros d’une vingtaine de minutes, où trois personnages burlesques, dont le principal est interprété par François Perrin, se posent la question : « C’est quoi, une décision guidée par des nombres ? »

 

François Perrin sur la scène.

 

Ce spectacle qui a, lui aussi, passionné le public (l’amphithéâtre était comble), a commencé à 16 h, heure à laquelle débutait aussi la remise des Trophées Tangente (voir article « La remise des trophées Tangente 2022 »). C’est dur de faire des choix ! Le public s’est déclaré très content, mais nous a avoué avoir été confronté à de tels dilemmes tout au long de cette (trop ?) riche journée.

 

Merci à la FSMP, à la Fondation Blaise Pascal et à la Fondation Hadamard qui ont soutenu l'organisation de cette journée.